Les enjeux environnementaux mobilisent un intérêt croissant chez les clients, les collaborateurs et les partenaires d’une entreprise. Les organisations ont donc tout intérêt à les prendre en considération dans leurs stratégies de développement et de communication.
Au-delà des exigences réglementaires qui incombent à certaines tailles de structure, aller plus loin et communiquer en toute transparence sur les aspects environnementaux est un moyen de renforcer la confiance nouée avec ses parties prenantes, mais aussi de mettre en avant les efforts engagés, les résultats obtenus ainsi que d’identifier les axes d’amélioration. Faisons le point.
La nécessaire maîtrise des impacts environnementaux
Les impacts environnementaux désignent les actions menées à l’échelle d’une organisation et qui portent préjudice à l’environnement dans son ensemble : qualité de l’air, de l’eau, consommation des ressources, impacts sur la santé des espèces…
Ces impacts doivent être maîtrisés pour plusieurs raisons :
- C’est une préoccupation de plus en plus pressante pour les parties prenantes. Elles sont à la recherche de transparence et de vraies actions : elles ne se laissent plus berner par des communications de “Green washing”.
- Les entreprises cotées en bourse, avec un CA supérieur à 100 millions d’euros (ou une masse salariale de plus de 500 employés) sont tenues réglementairement de fournir un reporting extrafinancier (informations sociales, environnementales, sociétales et de gouvernance), aussi appelé rapport RSE. Ce rapport ne vise pour l’heure que les grosses structures. Pour autant, prendre les devants peut s’avérer un choix stratégique.
- L’Europe s’est alignée sur un objectif européen de neutralité carbone d’ici 2050. En France, c’est la Stratégie nationale Bas-Carbone (SNBC) qui sert de feuille de route. Elle a pour objectif de diviser par 6 les émissions à effet de serre par rapport à 1990.
Les objectifs SNBC :
- Réduire les émissions à effet de serre de la France à 80 MtCO2 en 2050, contre 458 en 2015 et 445 en 2018.
- Maîtriser le contenu carbone des produits importés
- Développer des innovations bas-carbone et faciliter leur déploiement
- Contenir l’artificialisation des sols
- Partager la culture du bas carbone
- Les organisations ont besoin de piloter leur activité de manière très fine pour réduire leur impact environnemental et social. Il est indispensable pour ces dernières d’identifier les activités les plus polluantes ou celles qui consomment le plus de ressources afin de pouvoir mettre en place les solutions adaptées.
- De nouveaux acteurs, plus respectueux de l’environnement, arrivent sur le marché. Pour faire face à la concurrence, les entreprises qui choisissent de communiquer sur leur impact environnemental font preuve de bonne foi et renforcent leur capital sympathie auprès des clients qui y sont de plus en plus sensibles.
L’open data pour faire fructifier les données environnementales
Pour mieux maîtriser les impacts environnementaux, le partage des données est un levier de taille des organisations publiques comme privées. Par définition, l’open data met à disposition des données produites et collectées par des administrations. Les entreprises du secteur privé en ont bien compris l’intérêt et mettent également à disposition de leurs parties prenantes des données, de façon compréhensible, interprétable, et visuelle.
Ainsi, en quelques clics, les consommateurs, investisseurs ou partenaires peuvent s’informer sur les impacts environnementaux concrets des entreprises, les comparer à d’autres structures ou secteurs, voir l’évolution dans le temps et les efforts fournis. C’est là encore un levier pour tendre vers la transparence et renforcer la confiance et la relation entre une entreprise et ses cibles.
Ce partage des données permet aussi de croiser, exporter et exploiter les data de différentes entreprises privées avec celles du secteur public et voir les opportunités business qui en découlent. C’est un véritable levier d’innovation. Par exemple, en 2019, la start up Too Good To go s’est allié à une filiale du groupe de création de centres de shopping Unibail-Rodamco-Westfield pour que l’enseigne s’implante dans ses centres commerciaux afin de réduire le gaspillage alimentaire. Un bon moyen pour développer sa politique RSE.
Trois exemples d’entreprises qui utilisent l’open data pour valoriser leurs données d’impact environnemental
Kering : vers une image plus responsable
Mis en cause pour son impact sur l’environnement, le groupe Kering – groupe de luxe spécialisé dans la mode, la maroquinerie, et la joaillerie – a décidé d’ouvrir ses données pour plus de transparence. Jusqu’alors, il partageait son rapport RSE dans un format statique et peu attractif. Il a décidé de déployer un portail d’open data consacré aux données environnementales (aussi appelé compte de résultat environnemental). Riche de données visuelles, le portail est accessible en ligne au plus grand nombre et se veut interactif et pédagogique. Le groupe ne se contente pas de communiquer sur ses émissions de CO2, mais il monétise cet impact pour plus de poids (cela signifie que le coût sociétal des impacts environnementaux s’estime en euros). Pour aller plus loin dans la réduction de son impact environnemental, le groupe a besoin de données du monde agricole par exemple. François-Xavier Morvan, chargé du développement durable au sein de Kering, le confirme “Olam et Danone ont la main pour nous aider à enrichir ces différents jeux de données et peuvent nous aider aussi à avancer sur certaines pratiques agricoles moins impactantes. L’Open Data fédère les acteurs du textile et de la mode, mais aussi en dehors”. C’est en croisant les données des différents secteurs impliqués que les entreprises pourront trouver des solutions durables.
Birdz by Veolia : une nouvelle source de revenus
Birdz, filiale de Veolia spécialisée dans le relevé des consommations d’eau, souhaitait partager ses données avec ses clients. Pour cela, elle a choisi le logiciel Opendatasoft afin de rendre ces data intelligibles et exploitables.
Birdz compte des millions de capteurs qui collectent des données chaque jour et donnent des indications précieuses sur les consommations d’eau et d’énergie. Elle travaille avec plus de 3 000 villes et veut permettre aux agents des entreprises de distribution d’eau et des collectivités de comprendre ces données grâce à des dashboards. L’objectif est d’augmenter leur efficacité opérationnelle en détectant les points de défaillance et les contaminations dans les réseaux de canalisation.
L’interface proposée comporte différents tableaux de bord :
- pour gérer les interventions des agents,
- pour transformer les fichiers classiques de tous les prélèvements d’eau potable en données intelligibles,
- pour suivre les KPI principaux et les objectifs à atteindre.
C’est une nouvelle source de revenus pour le groupe, qui propose à ses clients une solution innovante et performante. C’est aussi un moyen pour le groupe et pour ses clients de valoriser les actions mises en place pour réduire les consommations d’eau et d’énergie.
BPCE : le pionnier du secteur bancaire
Depuis 2017, le groupe BPCE partage ses données sur son portail d’open data. Il met à disposition des données utilisables et compréhensibles de tous (rapports d’activité d’entreprises, indicateurs, localisation des agences, études produites par le groupe, baromètre de paiement…). Cela permet de déduire les grandes tendances du secteur (comportements d’épargne, évolution des modes de paiement…). Aujourd’hui, ce sont plus de 180 jeux de données publiques à disposition, dont les impacts du groupe sur l’environnement, véritable vecteur de transparence.
L’open data est une véritable opportunité pour communiquer efficacement et en toute transparence sur les impacts de l’activité d’une entreprise sur l’environnement et ses axes d’amélioration. Certaines entreprises l’ont bien compris, mais beaucoup sont encore frileuses quant au partage d’informations de manière globale. Commencer par partager ces informations à caractère environnemental peut être un bon point de départ. Les collectivités sont plus avancées à ce sujet et montrent l’exemple au secteur privé encore un peu frileux. Pour mieux comprendre les enjeux, consultez notre article “Collectivités : pourquoi l’ouverture des données est-elle une excellente initiative ?”
Jérôme Denolf
Manager Pôle Insight