Les données sont créatrices de valeur pour les entreprises, à condition de savoir les exploiter, les analyser et les comprendre. Toutes les data sont concernées, quelle que soit l’organisation qui les génère. D’ailleurs, le partage des données (ou data sharing) devient un véritable axe de compétitivité pour les entreprises et les administrations. Pour preuve, en 2022, on estimait que 30 % du PIB global viendrait d’écosystèmes de partage de données (1) dans les trois années à venir. Ne pas prendre ce virage représente un frein à la productivité des entreprises et peut même leur faire perdre des clients. Décryptage.
État des lieux du partage des données en entreprise
Le data sharing désigne le partage des données entre différents acteurs dans une logique gagnant-gagnant. Cela permet aux organisations de mieux anticiper les comportements des clients, de personnaliser davantage leurs offres et d’analyser leurs performances.
Aujourd’hui pourtant, les entreprises sont plutôt frileuses quant au partage d’informations. Les collectivités ont même pris une longueur d’avance. Les raisons sont nombreuses :
- La confidentialité. Beaucoup d’organisations ne savent pas quelles informations partager (respect des normes RGPD par exemple) et ont peur de se “faire voler” des idées ou de trop en dévoiler.
- La sécurité. Beaucoup d’infrastructures IT ne sont pas paramétrées pour partager les données à l’externe, cela demande donc des processus stricts et l’implication de la DSI pour sécuriser les échanges.
- La communication de données peu flatteuses. Certains KPI ne sont pas toujours positifs. Les partager revient à afficher les faiblesses. Et ce n’est pas toujours facile à assumer !
Pourtant, de nombreuses entreprises ont détecté des opportunités business liées au partage des données. Par exemple, Casino et Intermarché ont créé une régie publicitaire et data commune pour monétiser leurs data et faciliter le partage d’informations. Montants des paniers d’achat, détails sur leurs contenus, évolution de la fidélité aux marques et des dépenses croissantes ou décroissantes… Ce sont plus de 500 segments de la base d’encartés qui sont mis « à la disposition » des marques (2).
Le partage des données est également un moyen de pallier la disparition progressive des cookies et l’anonymisation des données des consommateurs. Les entreprises ne peuvent plus compter uniquement sur leurs données pour détecter les opportunités de marché.
Pour autant, même si les entreprises comprennent l’intérêt du data sharing, son déploiement patine. D’après Opendatasoft, seules 2 entreprises sur 10 sont réellement data centriques, et le partage des données en interne est encore insuffisant.
Partager les données pour booster l’innovation et le business
Le partage de données permet de mieux connaître et d’anticiper les tendances du marché pour lui servir de nouveaux produits ou services . À l’externe, dans le secteur bancaire par exemple, l’open data informe sur les comportements d’épargne, l’évolution des moyens de paiement… Des informations qui permettent de dessiner de nouveaux services, en phase avec ces nouveaux comportements. L’ouverture des données permet également de se positionner comme leader du secteur et moteur d’innovation et favorise les interactions avec toutes les parties prenantes, dans une démarche d’intelligence collective.
Le data sharing peut aussi se manifester par la vente des données. C’est aussi une opportunité de revenus non négligeable, dans un monde où l’utilisation des données en propre n’est plus suffisante. Pour que cela soit efficace, il faut évidemment qu’elles aient de l’intérêt, qu’elles soient utiles et fiables.
En interne, le partage des données permet aussi de mieux comprendre les enjeux et challenges de chaque métier. Ainsi, en consultant les données financières ou des ventes, le marketing peut proposer de nouveaux produits ou services aux équipes sales, pour performer davantage.
BPCE participe à la création de richesse dans les territoires avec le data sharing
En 2017, l’entreprise a initié une démarche d’open data. Elle a déployé une plateforme de données ouvertes et partagées dans les différentes entités du groupe.
Ces données produisent des tendances et des comportements qui permettent aux parties prenantes de les exporter, les analyser et en tirer les enseignements nécessaires.
Par exemple, l’open data a apporté des réponses aux questions suivantes :
- Quel profil dépense le plus en France ?
- Quelles sont les régions d’installation privilégiées par les étrangers ?
- Comment les achats évoluent-ils dans le temps ?
Ces éléments ont ensuite été partagés aux décideurs économiques locaux qui ont pu y trouver de nouveaux éléments d’analyse, utiles au développement et à la création de richesse dans les territoires.
Partager les données pour rendre les processus internes plus efficaces
L’accès à la donnée est la première étape pour créer de la valeur en interne. Or, c’est loin d’être le cas dans toutes les entreprises : seules 35 % des organisations partagent toutes leurs données aux collaborateurs (3). Sans accès aux données utiles, les équipes n’ont pas toutes les clés en main pour être efficaces au quotidien et fluidifier les processus.
Les entreprises doivent donc favoriser l’accès à la donnée en la centralisant, en formalisant des stratégies de gouvernance de la donnée et en communiquant massivement autour de l’importance d’une data de qualité. Pour cela, des exemples concrets sont nécessaires, avec la mise en avant de bénéfices attendus et obtenus grâce à l’exploitation des données.
Partager les données pour gagner en transparence et en proximité
Pour certaines organisations (publiques et privées), le partage de certaines données est obligatoire : financières, environnementales, sociétales… Elles alimentent par exemple les bilans financiers ou les rapports RSE. Toutes les entreprises n’y sont pas tenues, mais le mouvement s’étend aux structures qui n’y sont pas obligées. Pour elles, c’est une manière d’être plus transparent envers leurs parties prenantes, d’être plus responsable et de communiquer sur leurs actions mises en œuvre pour diminuer leur impact environnemental notamment. Indirectement, c’est aussi un moyen de fidéliser leurs clients.
Par exemple, la SNCF met à disposition les données concernant l’absentéisme de ses collaborateurs, afin de cultiver la proximité et la confiance de ses clients. Indigo, de son côté, partage ses données concernant les places de parking disponibles : les clients bénéficient d’informations claires en temps réel, ce qui augmente la qualité de service.
L’open data et le partage des données sont une véritable opportunité pour les entreprises du secteur privé. Booster d’innovation, gage de transparence, générateur de business… les bénéfices du partage de données de qualité ne sont plus à prouver. Les grandes entreprises l’ont d’ailleurs bien compris et partagent de plus en plus leurs data, dans une stratégie gagnant-gagnant. Mais attention, pour que cela soit réellement efficace, il est nécessaire d’encadrer ce partage et de s’entourer de profils experts de la data.
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(1) https://bigmedia.bpifrance.fr/partenaires/yannick-martel-capgemini-le-data-sharing-est-un-axe-de-competitivite-pour-les-entreprises
(2) https://www.e-marketing.fr/thematique/data-1091/strategie-data-2220/breves/intermarche-casino-offre-retail-media-data-commune-365659.htm
(3) https://www.opendatasoft.com/wp-content/uploads/2023/01/202301_Etude_Odoxa_V3.pdf